Alors que s'achève le centenaire de la Première guerre mondiale, que sont devenus les champs de bataille sur lesquels se sont déroulés le conflit ? Ce projet est né autour de cette question. POur y répondre, nous nous sommes plongés pendant plusieurs années au coeur des paysages de la Grande Guerre, à la rencontre de ceux qui vivent la mémoire de ce conflit au quotidien. Nous y avons rencontré des archéologues, des historiens, des archivistes, mais aussi des forestiers, des agriculteurs, des viticulteurs, des tenanciers de café, des démineurs, des artistes, des guides, de simples citoyens... Leur point commun? Confrontés chaque jour ou presque de leur vie aux traces de la guerre, ces femmes et ces hommes vivent l'histoire, et la racontent avec leurs tripes. C'est en découvrant leur interprétation du paysage, leur vision personnelle du conflit et de son héritage, qu'est née l'idée d'emmener un large public dans cette randonnée bouleversante, qui décloisonne les thématiques de l'histoire, de l'environnement, de la géographie, de la politique, de l'économie et de la culture.
Cette série de vidéos est une conçue comme une introduction à ce voyage et à sa philosophie. Elle constitue aussi une invitation à participer au projet, en s'inspirant de la méthode que nous avons utilisée: se confronter sur le terrain aux traces matérielles de la guerre dans le paysage, qu'il soit urbain, agricole, ou naturel, sortir l'Histoire des livres, et permettre à chacun de se l'approprier, qu'il soit passionné d'histoire, ou pas, en allant à la rencontre d'interlocuteurs qui cultivent une approche vivante des faits. Jean-Luc Pamart est le premier que nous avons rencontré, et l'un des plus passionnants. Il nous a paru un éclaireur idéal pour présenter la démarche que nous proposons avec ce projet, au travers de cette série de capsules vidéo.
Paysan du Soissonnais, Jean-Luc Pamart cultive des terres qui rejettent chaque jour des vestiges de la Grande Guerre. Entre sa ferme de Confrécourt et le village de Vingré, l'homme vit chacune de ces «apparitions» comme un rappel, jusque dans sa chair, des atrocités vécues par quelques milliers d'hommes, sur les 500 hectares qu'il cultive. Il a livré dans un ouvrage le témoignage de sa vie d'agriculteur sur l'ancienne ligne de front. Sa vie de « Paysan des poilus », ainsi qu'il se nomme lui-même. Nous l'avons rencontré, et découvert un homme révolté, en guerre contre l'oubli et les pilleurs de tombes. Un homme au travers duquel la Grande Guerre est encore présente. Un gardien de mémoire attachant, un passeur d'humanité indispensable.
À Vingré, Jean-Luc nous fait découvrir le Monument aux Six Fusillés. Inauguré le 5 avril 1925, sur le lieu de leur exécution, cet édifice rend hommage à la mémoire du caporal Floch, et des soldats Blanchard, Durantet, Gay, Pettelet et Quinault du 298e R.I., fusillés le 4 décembre 1914, réhabilités solennellement par la Cour de cassation le 29 janvier 1921.
De l'autre côté de la rue, nous pénétrons avec Jean-Luc dans la cave où furent enfermés le caporal Floch, et les soldats Blanchard, Durantet, Gay, Pettelet et Quinault du 298e R.I., avant d'être fusillés le 4 décembre 1914. Les 6 fusillés de Vingré ont été réhabilités solennellement par la Cour de cassation le 29 janvier 1921.
À quelques centaines de mètres de là, toujours à Vingré, dans le jardin de la ferme Amory, Jean-Luc nous fait découvrir une des rares stèles commémoratives de la Première Guerre mondiale dédiée à la population civile. Cette pierre tombale a été érigée après 1918 par les 298e, 328e et 42e R.I. à la mémoire de la famille Amaury-Lacareux, fusillée par les allemands le 20 septembre 1914, et de leur fils, mort de faim et de froid.
En bordure du plateau de Confrécourt, près de Vingré, nous nous engouffrons avec Jean-Luc dans le boyau reliant l'ancien champ de bataille à la carrière où les soldats français s'abritaient en 14-18 est encore visible.
Enfin, nous suivons Jean-Luc dans la creute du 1er Zouaves, située en bordure du plateau de Confrécourt. Cette ancienne carrière de pierre a abrité environ 300 soldats. Ceux-ci ont laissé de leur passage des témoignages sculptés dans les parois de leur abri, sous le champ de bataille. Outre ces sculptures remarquables, ils ont aussi creusé dans la pierre une chapelle, et juste à côté de celle-ci, un escalier qui montait directement, au travers de la pierre puis de la terre, au coeur du champ de bataille. Cette carrière protégée ne peut être visitée que lors des activités organisées par l'Association Soissonnais 14-18.