Au cours de l’été 1914, les troupes allemandes et françaises s’y sont battues au cours de ce qu’on appellera ensuite « La Bataille des frontières ». Autour d’une douzaine de localités du Sud de la Belgique, cet ensemble de combats est entré dans l’histoire comme une des batailles les plus meurtrières de la Grande Guerre : au cours des journées du 20 au 24 août 1914, la France a subi cent trente mille pertes en Belgique. Plus de vingt mille soldats provenant de toutes les régions de France sont morts en Ardenne et en Gaume. Aujourd’hui, les monuments aux morts et les cimetières constituent l’essentiel des traces encore présentes dans le paysage pour nous rappeler cet événement particulièrement sanglant. Après guerre, les corps des soldats défunts français ont été transférés des cimetières installés à proximité directe des lieux de bataille et regroupés dans des nécropoles à Ethe-Laclaireau, Bellefontaine, Rossignol, Baranzy, Virton, Neufchâteau, Luchy, Anloy-Bruyères et Maissin. Ce dernier cimetière fut l’objet d’une attention très particulière : la communauté des Bretons, s’y retrouvant fort représentée, a choisi de marquer le paysage en y ajoutant un monument particulièrement remarquable. Pour rendre hommage aux nombreux hommes des régiments d’infanterie quimpérois, vannetais et brestois qui reposent là parmi 4 782 de combattants français et allemands, un authentique calvaire breton du XVIe siècle, provenant de la paroisse de Tréhou, à Croas-Ty-Ru a été acheminé sur place en 1932. Transporté pierre par pierre par la voie qu’ont emprunté les soldats bretons et vendéens tombés à Maissin en août 1914, il est accompagné d’une inscription en langue bretonne, que l’on peut traduire par ces mots: « La mort est le meilleur prêcheur, car sa voix porte jusqu’au fond! Écoute, compatriote, toi qui as du cœur: elle te demande d’être Breton de toute ton âme. Amis allons souvent nous recueillir sur les tombes. »