La borne Vauthier du Hartmannswillerkopf fait partie d'un ensemble de 118 bornes placées après 14-18 en France et en Belgique pour matérialiser l'emplacement de la ligne de front au 18 juillet 1918, date qui marque le point de départ de la « Deuxième Bataille de la Marne », contre-offensive des Alliés qui occasionna le premier recul décisif des Allemands. Ces bornes ont été imaginées par Paul Moreau-Vauthier, sculpteur et ancien combattant de 14-18, dans l'idée de marquer les jalons d'une route commémorative. Avec la Voie sacrée, artère logistique menant à Verdun en 1916, et la Voie de la Liberté, parcours victorieux des Alliés en 1944, il s'agit d'un des premiers itinéraires de mémoire érigés au vingtième siècle. Le concept de tourisme de mémoire s'était déjà développé précédemment, notamment suite à la Guerre de Sécession, et celle de Crimée, notamment. Il n'a en outre pas attendu la fin du premier conflit mondial pour émerger, sous une forme que l'on peut qualifier de tourisme de guerre. Dès 1915, le journaliste Henri Lavedan formait le voeux que des visiteurs puissent se rendre au plus près du front : « nous nous avancerons jusqu’au point extrême où l’on aura licence d’approcher, afin de nous sentir le plus près des blessures que nous aurons la douleur d’être impuissants à guérir. » En septembre 1917, à l'occasion du troisième anniversaire de la première bataille de la Marne, André Michelin organisa même un voyage de presse pour emmener des journalistes sur les Champs de bataille de la région de L’Ourcq – Chantilly – Senlis – Meaux, auxquels est consacré un guide qui sort cette année-là.