Au Centre d'Ypres, le musée In Flanders Fields a pris ses quartiers dans la Halle aux Draps. Ce bâtiment d'allure gothique fait parfaitement illusion... Il faut scruter sa façade dans les détails pour s’apercevoir qu’à côté des statues du comte Baudouin IX et de sa femme Marie de Champagne, sous les auspices desquels la construction des Halles aux Draps commença en 1200, sont représentés le roi des Belges Albert Ier et la reine Elisabeth, sous le règne desquels la reconstruction des Halles aux Draps fut entreprise dans les années 1920. Ces sculptures du « Roi Chevalier » et de la « Reine Infirmière » matérialisent la façon dont les époux royaux sont devenus des icônes de la Grande Guerre en refusant de quitter la Belgique et restant à La Panne durant quatre ans, au plus près des tranchées de l’Yser.
En fait, la plupart des bâtiments historiques et des habitations de cette ville qui a connu sa prospérité au Moyen Âge sont des reconstructions d'après la guerre de 14-18. Bien que dans les rues de la « Cité des Chats », rien à première vue ne rappelle que les combats dans ce secteur furent particulièrement violents, et qu'à la fin de la Grande Guerre, la ville comme tous ses alentours, n’était plus qu’un champs de ruines. Après l'armistice, Churchill avait émis le souhait de conserver Ypres en l'état, pour en faire un lieu sacré, témoin visuel des souffrances endurées. Les habitants et les politiques de la région ont refusé cette option, et c’est alors qu’il fut décidé de reconstruire Ypres à l’identique. En réaffirmant l’identité de leur ville, ces citoyens montraient leur opposition à la condamnation à mort de toute leur région par la guerre.