Pendant la Première Guerre mondiale, Poperinge était, à l'arrière du front mais proche de celui-ci, la ville idéale dans laquelle beaucoup de soldats britanniques pouvaient oublier les combats durant quelques heures. Son abondance en cafés, restaurants, salles de concerts et de cinéma, mais aussi en bordels, lui a valu le surnom de " Petit Paris ".
Au cœur de " Pop' ", comme on l'appelait alors, deux aumôniers britanniques, Neville Talbot et Philip "Tubby" Clayton, ont voulu ouvrir un club où les soldats, quel que soit leur grade (c'est un " everyman's club "), pourraient trouver repos et distraction, en tout bien tout honneur. C'est dans l'ancien établissement d'un négociant en houblon que s'installa la Talbot House. Son nom rend hommage au frère d'un des fondateurs, tué au combat en 1915.
Autour d'un jardin parfaitement entretenu à l'anglaise, la Talbot House rassemblait une salle de concert, un lieu pour prendre le thé et jouer du piano, une salle de billard, des chambres et autres lieux de réunion. On n'y buvait pas d'alcool, c'était ce qu'on appelait alors une " dry canteen ", c'est-à-dire un bar sans alcool. La pièce la plus fréquentée de la Talbot House fut sans doute le grenier, aménagé en chapelle avec des objets récupérés par les soldats dans les ruines de la ville d'Ypres. Le dimanche de Pâques 1916, on y célébra 10 eucharisties !
Tubby Clayton, qui était en quelque sorte le patron de ce club, y faisait régner la discipline en affichant avec un certain humour les règles de la maison. A côté de la porte d'entrée, on peut encore voir un panneau sur lequel on peut lire la devise de la maison : "To pessimists, way out!" (Pessimistes, passez votre chemin !)
Aujourd'hui conservée dans un état très proche de ce qu'elle fut durant la Grande Guerre, la Talbot House est plus qu'un musée. Elle accueille encore tous les jours de nombreux pèlerins venus découvrir ici comment un lieu de paix et de rencontre créé au cœur de la guerre, a gardé cette vocation jusqu'à ce jour.