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Légendes et crédits photo:
Image d'antan
Carte postale "Châteauneuf-les-Moustiers vue générale, sans date (vers 1910), Collection Isabelle Loodts/Paysages en bataille
Image présent
Châteauneuf-les-Moustiers en 2019, photo https://sacha-unjourunephoto.blogspot.com/
La Grande Guerre a aussi eu des répercussions sur les paysages situés bien loin du front! C'est le cas dans les Alpes de Haute-Provence, ainsi qu'en témoignent les ruines de Châteauneuf-les-Moustiers. En visitant ce village abandonné, situé sur une montagne isolée, à 14 Km à l'est de Moustiers, et à 36 au sud de Digne, on peut découvrir sur le mur d'un oratoire reconverti en monument aux morts les noms de 11 hommes natifs du lieu et morts au cours de la Grande Guerre. Dans le hameau des Chauvets tout proche, 8 autres noms sont inscrits pour les mêmes raisons dans une niche située sur la façade de la chapelle Saint Pierre. Dans la région, on sait que si le Premier conflit mondial n'a pas été l'unique cause de l'abandon de ce village, comme d'autres, celui-ci a été donné le coup de grâce à certaines formes de vie rurales, déjà en proie à d'importantes difficultés depuis la première moitié du XIXe siècle. Châteauneuf-les-Moustiers, dont l'occupation remonte à la période pré-romaine, et qui a connu un certain florissement autour de son château médiéval, comptait encore plus de 500 habitants en 1830. L'exode rural induit par l'industrialisation avait réduit sa population à 200 âmes à la veille de 1914. La perte de 19 hommes a indubitablement accéléré le processus : à cette diminution forte et soudaine de la population locale s'est ajouté l'indigence des finances publiques, qui au sortir de la guerre, n'ont pas permis de rompre l'isolement du village... En 1926, le département a renoncé, faute de moyens, à l'aménagement d'un tronçon de 14 kilomètres d'une route, dont les travaux avaient été interrompus par le conflit, et qui aurait permis de relier plus facilement Châteauneuf à de plus grosses agglomérations. Finalement, c'est dans les années 1930 que le dernier habitant a quitté le village. La crise du Phylloxera qui avait atteint les vignes françaises dans la seconde moitié du XIXe siècle, puis la grippe espagnole dont les ravages ont prolongé ceux de la Grande Guerre, ont eux aussi participé, à l'abandon de nombreux villages : dans les Pyrénées, celui de Perillos, en est un autre exemple.